Les fondements

Principes

L’intérêt de la moxibustion est qu’elle concentre la chaleur sur un point d’acupuncture précis, correspondant à une fonction ou organe du corps.

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Principe thérapeutique de la moxibustion

On allume le moxa afin d’émettre de la chaleur, agissant comme une onde infra-rouge sur une zone spécifique du corps pour rééquilibrer un dysfonctionnement structurelle et énergétique du corps. Si cette technique est encore peu connue chez nous, le principe de soin par la chaleur n’a pourtant rien de nouveau (exemples : les bouillotes, les cataplasmes, la lampe infrarouge, les pierres chaudes…)

Avec une approche plus occidentale, on pourrait corréler le terme de points d’acupuncture aux « trigger points ». Il s’avère que leur cartographie corporelle s’apparente partiellement à celle des points d’acupuncture. On parle alors d’agir précisément sur les trigger points afin d’agir de manière globale et harmonieuse sur les chaines physiologiques musculaires décrites par De Busquet dans le but d’en rééquilibrer l’ensemble.
Ainsi la chaleur et l’énergie qui s’en dégagent pénètrent dans le corps sous forme d’infrarouge afin de rétablir la libre circulation des flux sanguins, nerveux, lymphatiques et énergétiques dans le corps en agissant sur les triggers points et/ou les points d’acupuncture, en même temps qu’elle détend la zone qui se trouvait congestionnée.

Il existe deux grands groupes de techniques afin d’appliquer la moxibustion :

  • des techniques de moxibustion directe (okyu)
  • des techniques de moxibustion indirecte (onkyu)

Les termes « direct » et « indirect » sont synonymes d'application de la technique : soit directement sur la peau, pouvant ainsi provoquer une micro-brûlure, soit en applicant la chaleur de manière indirecte, c'est à dire à travers un élément isolant ou à une distance considérable de la peau.

La moxibustion directe comprend elle-même différentes techniques, telles que le fukayakyu et le Tonetsukyu. Ce dernier est intéressant car en fonction du but thérapeutique recherché on peut varier la taille et la densité des cônes de moxa. En effet, plus la densité est importante, plus l'action sur l'induration sera efficace. De même, plus la base du cône est petite, plus la pénétration de la chaleur en terme de profondeur sera importante » [110]. Cependant, il est primordial de noter que l’intérêt commun de l’application des différents cônes de Tonetsukyu est de faire disparaître les indurations musculaires (Kouketsu en Japonais) ciblées sur les points vivants, semblable aux trigger points [9] [25].

La moxibustion indirecte comprend elle aussi diverses techniques. Parmi elles, nous pouvons retrouver, le Daisakyu, le Chinetsekyu et le Tantakekyu (ou Ontake). Leurs intérêts résultent de leurs actions thérapeutiques spécifiques et de leur corrélation bénéfique avec le Tonetsukyu adapté à la pathologie concernée.

Principe physiologique de la moxibustion

Les réactions physiologiques à la chaleur des moxas entraînent une augmentation de l’immunité générale de l’organisme. Il n’y a pas d’effets secondaires toxiques. C’est une des techniques qui soigne l’intérieur par l’extérieur. Outre la fonction de soin des maladies, la moxibustion a également des fonctions de prévention.

Plus précisément, la micro-brulure via l’application des cônes de moxa directement sur la peau permet selon le docteur Hara de produire :

  1. 1. Une augmentation des niveaux de fabrication des lymphocytes.
  2. 2. Une augmentation de l’activité phagocytaire des lymphocytes.
  3. 3. Une augmentation de la vitesse de coagulation.
  4. 4. Une augmentation du niveau de Calcium dans le sang.
  5. 5. Une augmentation de la capacité de production des anticorps [1].

De plus, il a aussi été démontré qu’il existait une relation entre le système nerveux autonome et le système immunitaire suite aux études scientifiques du docteur Abo.
En effet, les lymphocytes répondent au système nerveux autonome et au système endocrinien par le biais de neurotransmetteurs : histamine, sérotonine, et d’autres peptides cérébraux.
Ces neurotransmetteurs agissent en tant qu’immunostimulants ou immunosuppresseurs de la réponse inflammatoire.
Dans le cas d’une maladie, le corps va réagir en déclenchant un programme réactionnel face au stress de l’agression : c’est le système sympathique qui s’actionne. Il en résulte des symptômes de toux, larmoiements, éternuements, par exemple, pour chasser l’intrus. Parallèlement, la zone atteinte s’endurcit pour se protéger. C’est ce que Felip Caudet nomme des indurations ou des points vivants (équivalents aux trigger points).
Or le Docteur Abo a montré que s’il existe une prédominance de la fonction orthosympathique : la capacité d’adaptation du système immunitaire diminuera.
Il est donc important de rétablir la dominance du système parasympathique pour augmenter la capacité du système immunitaire.

Selon une étude de Litscher et al (2009), la moxibustion va agir sur l’activité du Système Nerveux Autonome (SNA) en provoquant une augmentation de l’activité parasympathique.
Or, le Système Nerveux Parasympathique (SNP) stimule la vasodilatation. L’augmentation de son activité impliquerait donc un possible changement microcirculatoire sanguin.
En effet, selon une étude de Huang et al (2011) [61], il a été observé une augmentation de la microcirculation sanguine capillaire locale lors de l’application de la moxibustion, mais aussi dans l’ensemble du corps. Par le biais de l’application de cônes de Tonetsukyu ou de cônes de Daisakyu, la moxibustion va permettre la suppression de la stase sanguine au niveau des points d’induration par augmentation de la circulation sanguine grâce à la vasodilatation ainsi qu’au nettoyage des vaisseaux collatéraux [23] [75] [158] [167].
De plus, par son action vasodilatatrice [63], la moxibustion améliore l’apport sanguin permettant un apport en oxygène afin de diminuer l’hypoxie locale et d’agir sur l’hypertonicité des points vivants. En effet, selon une étude de Song [137], l’action stimulatrice du flux sanguin par la moxibustion implique un relâchement des fibres musculaires et par conséquent des points vivants. Cela implique un déblocage des points vivants/trigger points permettant ainsi de retrouver une circulation des flux auparavant congestionnés. Ainsi, les influx nerveux, la circulation lymphatique, la circulation sanguine, mais aussi celle des flux énergétiques bloqués sous formes de triggers points vont pouvoir circuler de nouveau.

Le corps, en retrouvant toutes ces fonctions, pourra lutter correctement et rétablir un bon état de santé.